DES HOMMES ET DES DIEUX

Le film sur les moines de Tibhirine

 

 

 

"Un récit alerte et chaleureux qui restitue la saveur humaine et la profondeur spirituelle d'une aventure inédite." (La Croix)

"Passionnant et remarquable : un récit de tournage qui est aussi un petit traité de christianisme." (Le Figaro)

"Plus qu'un making of : le récit d'une aventure collective marquée du souffle de l'Esprit." (Réforme)

"Un exceptionnel voyage initiatique et spirituel derrière la caméra de Xavier Beauvois." (AFP)

"Une expérience unique dans l'histoire du cinéma." (Dimanche)

 

Avec Claude Dagens au festival d'Angoulême

Au Maroc avec Lambert Wilson

 

 

Henry Quinson analyse le succès « Des hommes et des dieux »
Famille chretienne,  23/09/2010 par Benjamin Coste

Henry Quinson est un familier de Tibhirine. Il a vécu cinq ans à l’abbaye de Tamié en Savoie et y a croisé les Frères Paul, Christophe et Christian peu avant leur mort en Algérie. Institué « conseiller monastique » sur le tournage du film, l’ancien trader analyse le succès rencontré par le film qui devrait bientôt dépasser les 2 millions d’entrées.

À la sortie du film sur les écrans, vous attendiez-vous à un tel succès ?

Je fais une lecture chrétienne de ce qui se passe autour du film. Pour moi, l’Esprit Saint a voulu faire connaître au plus grand nombre la vie humble de ces moines à travers un événement particulièrement douloureux, à savoir leur assassinat. Le réalisateur Xavier Beauvois souhaitait qu’à travers son film les moines puissent être perçus comme des étoiles dans le ciel, visibles du plus grand nombre. À ce sujet, une anecdote me frappe : le prix du jury de Cannes a été décerné au film le jour de la Pentecôte et quatorze ans après la publication du testament spirituel de Christian de Chergé dans la presse.

Pour moi, le succès de ce film s’analyse comme une effusion de l’Esprit. Xavier Beauvois a voulu que le propos de son film soit la vie des Frères et, je le cite, « le mystère de l’incarnation pascale ». Le propos de Xavier est donc éminemment spirituel.

Les villageois et les Frères s’accueillent mutuellement, comme des étrangers, des pauvres, des malades. Nous devenons ainsi les témoins d’un embryon de Royaume de Dieu. Je crois que les personnes qui voient le film sont touchées par cette réalité spirituelle.

Comment vous êtes-vous retrouvé impliqué dans la réalisation de ce film ?

J’avais le désir de faire un film sur les moines de Tibhirine. J’en avais même parlé à un ami, numéro 2 des cinémas Pathé, qui m’avait fait gentiment comprendre que mon projet était un peu farfelu. Dix jours après, j’ai reçu un mail d’un certain Étienne Comar qui me demandait mon avis sur l’idée d’un film sur les moines de Tibhirine. J’ai d’abord cru à une blague. J’ai répondu, dix jours après, qu’effectivement ce serait une bonne idée. Étienne Comar, scénariste et coproducteur, me demande de rencontrer le réalisateur Xavier Beauvois. Là, je comprends que le projet est avancé et pas si farfelu que cela.

Très vite, ils m’ont proposé de travailler sur le film notamment pour rectifier ce qui n’était pas historique ou pas monastique. Xavier m’a également demandé de travailler avec eux sur le scénario. Par exemple, quand dans celui-ci est indiqué : « les moines prient », il se demandait : « que chantent-ils ? ; où sont-ils ? ; quels gestes font-ils ? » J’ai pu corriger bon nombre de détails qui ne collaient pas avec la vie monastique et transfomer ainsi une scène où les moines chantaient du Jacques Brel et en une scène où ils sont au réfectoire et écoutent de la musique, ce qui était plus vraisemblable.

Comment s’est passé le tournage ?

Durant deux mois, j’ai pris tous mes repas avec les acteurs du film. J’ai répondu à leurs questions et tenté d’orienter le film pour qu’il soit le plus spirituel possible. Avant le tournage, nous avons également passé ensemble quelques jours à l’abbaye de Tamié. Là-bas, j’ai invité les acteurs à assister à la liturgie pour qu’ils s’en imprègnent. J’ai également obtenu qu’ils rencontrent quelques Frères, pour qu’ils comprennent ce qu’est un vrai moine, pourquoi est-il là, ce qui l’habite…
Je sais que ce séjour les a marqués. Lambert (Ndlr : Wilson) est resté depuis en contact avec l’un des moines de Tamié. Il m’a d’ailleurs confié avoir prié Christian de Chergé qu’il incarne au cours du tournage (Ndlr : Lambert Wilson a été baptisé par l’Abbé Pierre à l’âge de 40 ans après avoir tourné  Hiver 54). Lambert a une fibre très mystique et, d’emblée, nous avons beaucoup parlé de spiritualité. Tous les acteurs du film ont réellement cherché à comprendre le personnage qu’ils incarnaient.

Pour Xavier Beauvois – qui dans les moines de Tibhirine a certainement trouvé les Frères qu’il n’a jamais eu –, il s’agit d’un film profondément spirituel. Quand les gens disent qu’il est agnostique ou athée, je les laisse responsable de leurs commentaires. À Cannes, je l’ai entendu dire en conférence de presse : « Une moitié de mon cerveau ne croit en rien et l’autre en tout ».

Pouvez-vous nous raconter une anecdote marquante du tournage ?

J’ai toujours insisté pour supprimer la scène finale où l’on devait voir les têtes coupées des moines. Dix jours avant le tournage de cette scène, j’ai consulté la météo et vu que celle-ci prévoyait des chutes de neige le jour J. Tout le monde me disait que les prévisions à dix jours n’étaient pas fiables. Le jour où a été tourné l’enlèvement des Frères, la neige s'est mise à tomber. Xavier a filmé le monastère sous la neige, les Frères qui disparaissaient dans le brouillard. À minuit, j’ai reçu un SMS où il m’expliquait qu’il était peut-être un mécréant mais qu’il avait ses limites. Il écrivait : « Celui qui n’a pas compris qui était le premier assistant de ce film, je ne peux rien pour lui. Il est de mauvaise foi. J’ai entendu les Frères, je supprime donc la scène finale des têtes coupées. »

Pour moi, le brouillard dans lequel disparaissent les frères symbolise la situation politico-judiciaire ; la blancheur de la neige, elle, parle de la résurrection du Christ. Que moines et ravisseurs disparaissent ensemble dans la blancheur, c’est transposer à l’écran les mots de Christian de Chergé quand il écrit : « Je te pardonne, toi l’ami de la dernière minute qui ne sait pas ce qu’il fait. J’aimerais que nous nous retrouvions tous les deux heureux en paradis ».