DES HOMMES ET DES DIEUX

Le film sur les moines de Tibhirine

 

 

 

"Un récit alerte et chaleureux qui restitue la saveur humaine et la profondeur spirituelle d'une aventure inédite." (La Croix)

"Passionnant et remarquable : un récit de tournage qui est aussi un petit traité de christianisme." (Le Figaro)

"Plus qu'un making of : le récit d'une aventure collective marquée du souffle de l'Esprit." (Réforme)

"Un exceptionnel voyage initiatique et spirituel derrière la caméra de Xavier Beauvois." (AFP)

"Une expérience unique dans l'histoire du cinéma." (Dimanche)

 

Au Maroc avec Lambert Wilson

Henry Quinson, caution spirituelle du film Des hommes et des dieux

La Provence, 15 décembre 2010


"Conseiller monastique" auprès du scénariste Etienne Comar et du réalisateur Xavier Beauvois auxquels on doit "Des Hommes et des Dieux", il revient sur son travail.

Invité récemment du Wine & Business Club de Marseille, Henry Quinson est revenu sur son travail de "conseiller monastique" auprès du scénariste Etienne Comar et du réalisateur Xavier Beauvois auxquels on doit le phénomène cinématographique de l'année 2010 : "Des Hommes et des Dieux". Un travail que cet ancien trader devenu moine cistercien puis animateur d'une petite fraternité dans les quartiers Nord de Marseille et finalement enseignant au lycée L'Olivier, dans le 12e arrondissement, a mené comme une véritable mission.
- Dans quelles conditions avez-vous été sollicité par le scénariste Etienne Comar ?
Henry Quinson : "Je pense que je dois cette belle aventure à mon parcours atypique. J'ai d'abord été trader pour la banque Indosuez. Puis j'ai vécu pendant plus de cinq ans au monastère cistercien de Tamié, en Savoie, dont étaient originaires deux des frères assassinés: frère Christophe et surtout frère Paul avec lequel j'avais vécu et qui m'avait d'ailleurs offert son livre de prières avant de partir en Algérie. J'ai également connu deux des autres moines de Tibhirine: Christian, le supérieur, et frère Célestin. Ce qui fait qu'en 1996, leur assassinat m'a touché personnellement. Dix ans plus tard, j'ai été sollicité pour traduire un livre américain racontant leur histoire. Puis j'ai donné des conférences sur le sujet. Entre temps, je me suis installé à Marseille. J'ai ensuite publié mon autobiographie, intitulée "De Wall Street aux quartiers Nord de Marseille". C'est comme cela qu'Etienne Comar est remonté jusqu'à moi. Il cherchait un conseiller monastique. Notre première entrevue s'est déroulée au printemps 2009. Pour moi qui cherchais depuis longtemps à faire un film sur le sujet, cette rencontre a été vraiment providentielle. Du coup, j'ai pris une année de disponibilité pour pouvoir me consacrer totalement à ce projet.
- En quoi a consisté exactement votre intervention dans "Des Hommes et des Dieux" ?
H.Q. : Mon travail de conseiller monastique était de corriger les invraisemblances du scénario en m'appuyant sur ma propre expérience puisque j'avais vécu dans un monastère cistercien et puis avec des familles musulmanes et algériennes. J'ai également proposé le répertoire des chants car les moines parlent peu et le chant était l’un des rares moyens pour faire comprendre aux spectateurs ce que ces hommes ressentaient ou avaient envie d'exprimer. J'avais également conservé beaucoup de photos de détails de Tibhirine, ce qui a permis de reconstituer le site avec une grande exactitude. Nous voulions absolument retrouver l'esprit du monastère. De mon côté, j'ai fait en sorte d'immerger les acteurs dans cette ambiance en leur permettant notamment de rencontrer de vrais moines. Ce travail m'a pris toute une année, depuis l'assistance à l'écriture du scénario, aux décors en passant par les costumes et les vérifications lors du montage, mais aussi la rédaction du dossier de presse et celle des sous-titres en anglais. Pendant le tournage, j'ai en permanence incité Xavier Beauvois à coller au plus près de la réalité sans brider sa créativité. Mais ce n'était pas évident. Je me souviens d'ailleurs qu'un jour, un peu excédé par toutes mes remarques, il m'a dit: "Henry, je te rappelle que nous ne sommes pas financés par le Vatican ! "
- Le succès phénoménal mais très inattendu du film vous a-t-il surpris, et avec le recul, comment l'expliquez vous ?
H.Q. : J’avais beaucoup à perdre dans cette affaire. La moitié des familles des moines et l'Eglise au Maroc où nous avons tourné, étaient résolument hostiles au projet. C'est pourquoi j’ai déjà été bien content que la première projection privée organisée au profit des proches des victimes se passe bien. Puis nous avons été sélectionnés pour le Festival de Cannes. Et de là, tout est parti. Je me souviens de ce que Xavier Beauvois m'a glissé à l'oreille lors de la remise des prix: "La palme on s'en fout. Ce soir, les frères ont gagné". En fait, je pense que le public a reconnu que nous avions eu une démarche intègre. Nous nous sommes laissé porter par l'histoire. Et puis la question de l'Algérie hante toujours les Français, qu'ils soient de l'ancienne ou de la nouvelle génération. Il y a aussi la question spirituelle que soulève ce film. Aujourd'hui, dans cette crise économique, financière et religieuse où le modèle d'intégration à la Française a montré ses limites, on ne peut espérer résoudre les grands problèmes de notre société que si l'on comprend qui est l'homme. Or ce film est une grande claque qui alimente la réflexion. Les acteurs "Des Hommes et des Dieux" ont permis aux spectateurs de redécouvrir trois valeurs sûres que sont la liberté, la fraternité et l'égalité".
Propos recueillis par Philippe GALLINI