Depuis la première présentation de Des hommes et des dieux au Festival de Cannes en mai 2010 jusqu’à sa consécration lors de la cérémonie des Césars, il y a trois semaines, il a été beaucoup écrit que l’esprit de Tibhirine avait soufflé sur le film de Xavier Beauvois. Ce récit alerte et chaleureux d’Henry Quinson, intronisé conseiller monastique sur le tournage, le confirme de belle manière. Les spectateurs (près de 3,5 millions à ce jour !) trouveront intérêt à entrer dans les coulisses de cette aventure dont l’auteur, ancien trader et ancien moine à l’abbaye de Tamié, déroule la chronique avec sa plume de néophyte découvrant la fabrication du septième art. Henry Quinson ne cache pas les réserves que fit naître le projet de Xavier Beauvois, notamment chez les familles des moines assassinés en 1996. Mais il montre comment l’équipe tout entière a su appréhender de manière particulière ce sujet douloureux, avec un grand respect. Plus encore, le conseiller monastique raconte de nombreuses anecdotes, souvent émouvantes, sur la façon dont les comédiens se sont investis dans l’interprétation de leurs personnages, au point d’être personnellement touchés par les questions qui furent celles des moines de Tibhirine. Le livre développe avec profondeur ce que chacun peut pressentir à l’écran : la justesse avec laquelle les interrogations essentielles sont traduites dans le film puise sa source dans l’engagement sincère d’une équipe dont la plupart n’affichaient pas de convictions religieuses. Accompagnant au jour le jour cette expérience – dont il a garanti l’authenticité jusque dans les petits détails, décrits avec humour –, Henry Quinson en restitue toute la saveur humaine et la profondeur spirituelle.
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