(Québec) ‘Chaque film est une montagne aux sommets plus ou moins difficiles à atteindre. Des hommes et des dieux représentaient pour moi comme un sommet de plus de huit mille mètres, une expédition fascinante et angoissante à la fois, et un terrain miné.’ Ce propos, c'est celui de Xavier Beauvois, le réalisateur du film Des hommes et des dieux. Pour entreprendre cette périlleuse ascension, dit-il, il avait besoin d'un sherpa familier des mystères de l'abbaye Notre-Dame de l'Atlas. Ce sherpa, il l’a trouvé en la personne de Henry Quinson. Âgé d’une cinquantaine d'années, Henry Quinson est un homme dont le parcours sort de l'ordinaire. Français par sa mère et Américain par son père, il a été responsable de la salle des marchés de la banque Indosuez et il a enseigné les techniques de change à l'université. En 1989, il a tout abandonné pour entrer au monastère de Tamié, en Savoie, où il a suivi le noviciat cistercien. Deux des sept cisterciens trappistes assassinés en Algérie en 1996 étaient issus de Tamié. Plus tard, Henry Quinson s'est fait une réputation en traduisant le livre de l'historien américain John Kiser, Passion pour l'Algérie : les moines de Tibhirine. Un document de 512 pages publié en 2006 par Nouvelle Cité. L'année suivante, Henry Quinson proposait Prier 15 jours avec Christophe Lebreton. Publié par Nouvelle Cité, ce livre de 128 pages était consacré aux écrits spirituels de Christophe Lebreton, un des moines de Tibhirine assassinés en 1996. Dans le film Des hommes et des dieux, c'est l'acteur Olivier Rabourdin qui incarne frère Christophe. Enfin, en 2008, Henry Quinson signait un récit autobiographique intitulé Moine des cités. Dans ce livre de 224 pages publié lui aussi par Nouvelle Cité, il revient sur ses liens personnels avec l'abbaye Notre-Dame de l'Atlas et l'esprit de fraternité universelle dont vivaient les moines. Rien d'étonnant, donc, que Henry Quinson ait été étroitement impliqué dans toutes les étapes du film Des hommes et des dieux. Une aventure humaine et spirituelle qu'il relate dans Secret des hommes, secret des dieux. Un ouvrage de 300 pages publié par les Presses de la Renaissance. À l'intérieur, de nombreuses photographies prises lors du tournage du film. Dans ce livre, l'auteur répond à mille et une questions que tous ceux qui ont vu le film se posent : comment ce projet est-il né ? Quelles étaient les intentions du scénariste Étienne Comar et du réalisateur Xavier Beauvois ? Comment les acteurs sont-ils entrés dans leur rôle ? Derrière l'œuvre cinématographique, qui a pris la hiérarchie religieuse et les professionnels du cinéma à contre-pied, se dessine une nouvelle synthèse spirituelle, humaine et religieuse : ‘Quatorze ans après ce meurtre odieux, la lumière du testament spirituel de Christian de Chergé, le supérieur de la communauté, a été plus forte : elle se répand enfin dans le monde grâce au film de Xavier Beauvois. Ce film a bouleversé des millions de spectateurs dans plus de cinquante pays.’ Dans le film, c'est Lambert Wilson qui incarne frère Christian. Henry Quinson précise encore : ‘Ce film n'a pas été commandé par une institution ecclésiale. Ce n'est pas une machine de propagande confessionnelle concoctée par le Vatican ni une entreprise prosélyte financée par un groupe évangélique américain. Ce film est l'œuvre de professionnels du cinéma. Le secret de son succès ne tiendrait-il qu'aux hommes qui l'ont réalisé ? Ou bien, ce minuscule monastère perdu en Algérie, devenu un phénomène de société d'une ampleur jugée miraculeuse, cacherait-il un secret plus profond ?’
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