Jean-Mohammed Abd-El-Jalil : L’islam et nous (Cerf, 1991)

 

 

Musulman marocain, né à Fès en 1904, Jean-Mohammed Abd-el-Jalil, demande le baptême à Paris en 1928. Entré chez les franciscains, il est ordonné prêtre en 1935. Décédé en novembre 1979, il donna jusqu’à la fin de sa vie des conférences sur l’islam, qu’il connaissait de l’intérieur. Voici quelques extraits de sa pensée.

 

Pour les musulmans, la foi prime et suffit

Pour nous [chrétiens], la foi ne va pas sans l’espérance, sans la contrition et sans la charité ; la morale et le dogme sont harmonieusement et organiquement unis.

Pour les musulmans, la foi prime et suffit. […] Ce qui conduit en paradis ou en enfer, c’est le fait de croire ou de ne pas croire en l’unicité de Dieu. […] Et parce que les autres religions, même celles des « gens de l’Ecriture », n’ont point sauvegardé dans toute sa pureté cette doctrine, rien de ce que font leurs adeptes n’a de valeur : prières, œuvres de charité, vie contemplative, tout cela est « creux », « invalide », car la doctrine du strict monothéisme semble en être absente. […]

Complexe de supériorité et immobilisme

Vis-à-vis des autres religions, les musulmans ont des jugements tout faits que leur dicte leur livre sacré et qu’il considèrent comme une révélation divine, notamment sur le Christ […] Le christianisme […] est une affaire jugée et classée. […] Tel musulman ignore des éléments essentiels de sa religion, il n’accomplit pas les obligations qu’elle impose ; mais il a la certitude de son droit. D’où la grande fierté, l’assurance déconcertante, ce que l’on a appelé « le complexe de supériorité », cette sorte d’inaccessibilité que l’on rencontre chez le musulman le moins cultivé, le plus illettré ou le plus terre-à-terre au point de vue moral. […]

[Par ailleurs,] le « fatalisme » auquel tendent la plupart des « croyants » de l’islam […] dérive d’un sens aigu de la Transcendance de Dieu l’Unique et d’une insistance singulière sur la Toute-Puissance infaillible d’Allah qui intervient dans l’histoire humaine avec une volonté absolument indépendante de toute logique rationnelle : variations dans les desseins, sorte d’opportunisme dans les décrets, une apparence d’arbitraire qui paralyse le croyant. […]

Les défis de la mondialisation et de la modernité

Mais un mouvement semble s’esquisser vers un universalisme qui regarde au-delà des nations et même au-delà de la communauté islamique, sans renoncer à celle-ci. Le rôle des chrétiens sera déterminant dans cette évolution.

Celle-ci est introduite par plusieurs facteurs dont la portée n’est pas encore saisie par beaucoup de musulmans : les nouvelles circonstances de la vie sociale, la modernisation des Etats et des lois, la pénétration de la culture dans les masses (radio et cinéma), les échanges devenus inévitables entre peuples et cultures, les modifications dans le climat psychologique des peuples musulmans devenus indépendants, tout cela doit contribuer à favoriser l’autonomie de la personne au détriment de la pression de la famille, de la tribu et de la société et à assurer de nouveaux rapports entre les hommes d’un même peuple et entre les différents groupements humains, où tous deviendront de plus en plus conscients qu’ils sont vraiment libres et égaux dans leur travail en commun pour le bien général de tous les hommes. Naturellement les chrétiens authentiques devront ici donner l’exemple le plus décidé et le plus entraînant de ce travail, héroïquement désintéressé au bien de tous.

Dans le domaine social, il faut […] remarquer une chose particulièrement frappante dans la société musulmane : le premier rang y appartient aux hommes du savoir (d’abord religieux, mais pas uniquement). Il est dit couramment en pays d’islam que le monde est soutenu par quatre colonnes : le savoir des sages, la justice des puissants, la prière des hommes vertueux et la valeur des braves. D’où l’extrême importance de ne mettre en rapport avec les musulmans que des chrétiens au savoir solide et humble, très instruits et très vertueux (donc ouverts et robustes à la fois). […]

Valoriser les aspirations à la liberté créatrice

Nous serions injustes si nous ne considérions le musulman que sous l’aspect du « guerrier d’Allah », animé sans doute d’une foi ardente mais simpliste et en même temps attiré par l’appétit de domination, le miroitement du butin et l’appât d’un ciel de jouissances sensibles. […] Nous devons compatir à la « solitude » où l’islam tend à enfermer la créature, à la « petitesse » dans laquelle il veut la laisser. Et cela comme une conséquence, comme une rançon fatale de la conception même qu’il propage de Dieu. Au lieu de le pousser à durcir encore son attitude et à continuer de négliger des germes d’authentiques richesse religieuse qu’il enfouit sous une rigide carapace de légalisme officiel, notre devoir consiste plutôt à « valoriser » toutes ses aspirations réelles, saines et constructives : aspirations à une vie spirituelle plus profonde, à un sens de l’unité moins simpliste, à la vie amicale, en commun, avec les « autres ».

Mais pour cela, nous devons, nous chrétiens, prêcher plus par l’exemple que par les discours et les écrits. […]

Prêcher par l’exemple

Dans le Coran, c’est Dieu qui parle pour les musulmans. Il y est dit : « Nous avons mis dans le cœur des disciples de Jésus l’humilité, la mansuétude et la recherche de la perfection. » C’est cela que les musulmans attendent donc des chrétiens. […]

Sans une minorité (au moins assez dense) de laïcs, de prêtres, de religieux et de religieuses qui répondent à cette attente expresse, tout autre essai de témoignage restera étranger aux musulmans et deviendra, sans tarder, suspect.

Ainsi des centres d’études orientales ; une objectivité dure […] apparaîtra comme une agression et, en définitive, ne reflétera pas l’esprit de l’Evangile, ni la pédagogie divine, manifestée par la Bible et par la vie terrestre du Christ. […]

Une prière musulmane et chrétienne

« Mon Dieu, donne-moi de T’aimer et d’aimer tous ceux qui me rapprochent de Toi ! Mon Dieu, si Tu m’accordes ce que j’aime, fais que cela devienne en moi une force en vue de ce que Tu aimes ! Mon Dieu, et si Tu me prives de ce que j’aime, fais que cela devienne en moi un vide en vue de ce que Tu aimes ! »

[…] Cette prière magnifique [est] attribuée à Muhammad (non sans vraisemblance) et les musulmans ont tendance à reculer [devant elle] à cause de sa résonance chrétienne. [Mais] il est opportun de la rappeler aux musulmans à toute occasion.

 

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