Pourquoi l'islam a triomphé de l'empire byzantin

par Alain Besançon

Trois tentations de l'Eglise, Perrin, 2002

 

Alain Besançon, membre de l’Institut, est diplômé de l’IEP de Paris, agrégé et docteur es lettres et Docteur en Histoire. II est Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Ses derniers ouvrages parus sont Trois tentations dans d’Église (Calmann-Lévy ; 1996), Les origines intellectuelles du léninisme (Gallimard ; 1996), L’image interdite (Fayard ; 1994), Le Tsarévitch immolé (Fayard ; 1991).

Dans les Trois tentations de l'Eglise Alain Besançon suggère que l'islam n'est ni une " religion naturelle " ni une " religion de la révélation ". La mutilation, l'une par l'autre, de la nature et de la révélation fait de l'islam " la religion naturelle du Dieu révélé. " Il faudrait forger un concept qui analyserait cette tradition comme une " idolâtrie du Dieu d'Israël. " En effet, les figures bibliques majeures sont reprises dans le Coran, mais sans qu'ils incarnent les diverses étapes sotériologiques des Alliances successives entre Dieu et l'homme. Tous les envoyés bibliques - et non bibliques - répètent la même chose : il faut être soumis au Dieu unique. L'islam n'est donc ni un déisme pré-chrétien ni un théisme judéo-chrétien. S'il a eu raison de l'empire byzantin, c'est que ce dernier avait déjà sombré dans l'hérésie iconoclaste et monothélite. La meilleure défense contre l'islam semble donc résider dans une théologie et une pratique évangélique saines. Contrairement à ce que pensent les esprits matérialistes, nos représentations de Dieu ont des conséquences politiques, économiques et sociales.

Laissons la parole à Soloviev :

" Le byzantinisme qui a été en principe hostile au progrès chrétien, qui a voulu réduire toute la religion à un fait accompli, à une formule dogmatique, à une cérémonie liturgique - cet antichristianisme caché sous un masque orthodoxe a dû succomber dans son impuissance morale devant l'antichristianisme franc et honnête de 1'islam. Il est curieux de constater que la nouvelle religion avec son dogme fataliste est apparue juste au moment où l'empereur Héraclius inventait 1'hérésie monothélite, c'est-à-dire la négation masquée de la liberté et de l'énergie humaines. On voulait par cet artifice consolider la religion officielle, ramener à l'unité l'Egypte et l'Asie. Mais l'Egypte et l'Asie préfèrent l'affirmation arabe à l'expédient byzantin. Si l'on ne tenait pas compte du long travail antichrétien du Bas-Empire, il n'y aurait rien de plus surprenant que la rapidité de la conquête musulmane. Cinq années suffirent pour réduire à une existence archéologique trois grands patriarcats de l'Église orientale. Il n'y avait pas là de conversion à faire, il n'y avait qu'un vieux voile à déchirer. " (La Russie et l'Eglise universelle, in La Sophia et les autres écrits français, L'Age d'homme, 1978, p. 143)

L'interprétation de Soloviev suggère que, sous la structure politique voire sociale et économique d'un régime, il existe une structure religieuse, théologique, qui a sa cohérence, laquelle ne peut être dérangée même subtilement sans entraîner des conséquences politiques, sociales et même économiques. Ces discrets déséquilibres s'appellent des hérésies, et elles peuvent agir de façon manifeste ou de façon cachée. Byzance, selon ce philosophe, abritait derrière une façade d'une impeccable, d'une obsessive orthodoxie, tout un nid d'hérésies, celles mêmes dont la condamnation lui avait pris tant de peine, qui la travaillaient sourdement pour rejaillir enfin en plein jour sous le nouveau vêtement de l'islam car, dans cette nouvelle structure, elles n'étaient plus des hérésies. Bref, il est important de ne pas être hérétique, parce que les hérésies ne pardonnent pas.

Mais cette interprétation contient une autre leçon. Quand la religion chrétienne s'éloigne de l'ordre naturel, quand elle commence à le comprimer ou à le détruire, la nature se venge et revient de plus belle après avoir déchiré le voile religieux qui avait été jeté sur elle. C'est ce qu'a montré la chute de Byzance. La liturgie, la théologie, la contemplation, l'icône s'étaient établies à une hauteur que l'esthétique romantique aurait à coup sûr qualifiée de sublime. Mais ce sublime abandonnait à elle-même la vie des hommes et ne consentait même plus à la considérer ni à regarder la situation générale de l'Empire comme elle était. L'islam fut une revanche, une vengeance du réel.

 

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